Chaleur verte

    Le chauffage des bâtiments représente un bon 20.2 % de nos émissions totales de CO2. C’est beaucoup plus que le secteur agricole (11,1 %), et même davantage que le secteur de l’électricité (16,4 %). Un parc immobilier généralement mal isolé et une forte dépendance au mazout et au gaz pour le chauffage en sont les principales raisons.

    Si nous voulons limiter l’élévation de la température terrestre à 1,5 °C, nous devons réduire de toute urgence notre consommation de gaz et de mazout, et à terme, arrêter totalement d’en consommer. Le gaz fossile ou le chauffage à l’hydrogène n’ont pas d’avenir dans les secteurs qu’il est relativement facile de faire basculer vers l’électricité, comme le chauffage des bâtiments. L’avenir, c’est l’isolation, l’électrification et les réseaux de chaleur.

    L’isolation de votre maison et l’optimisation de votre système de chauffage sont prioritaires. Mais utiliser moins d’énergie reste le meilleur choix. De petites mesures telles que baisser le thermostat d’un degré, enfiler un pull plus épais, éteindre le chauffage en temps utile le soir et ne chauffer que les pièces qui sont vraiment nécessaires peuvent déjà permettre d’économiser beaucoup. C’est non seulement bon pour le climat, mais aussi indiscutablement bon pour votre portefeuille.

    Cependant, il est également nécessaire d’isoler petit à petit correctement votre maison. Cela augmentera non seulement votre confort de vie, mais également la valeur de votre maison. En outre, une bonne isolation rend votre maison prête pour le futur, et vous pourrez alors éventuellement passer à un chauffage à basse température avec une pompe à chaleur. Le chauffage central au mazout et au gaz sera progressivement abandonné dans les années à venir.

    Un passage massif au chauffage par pompe à chaleur est donc nécessaire si l’on veut se passer complètement du gaz. Cela nécessitera davantage d’électricité, mais la consommation d’énergie finale diminuera très fortement en raison du rendement très élevé de ces appareils (300 à 400 % en moyenne, contre 90% pour une chaudière à gaz). En outre, il est plus efficace de chauffer une maison bien isolée avec une pompe à chaleur fonctionnant à l’électricité provenant d’une centrale à gaz à haut rendement que de chauffer la même maison avec une chaudière individuelle à gaz moderne.

    Un autre grand avantage du chauffage électrique à basse température est que les pompes à chaleur peuvent être très facilement pilotées pour contribuer à l’équilibre du réseau électrique. S’il y a beaucoup d’électricité disponible, votre pompe à chaleur peut fonctionner ; s’il y a moins d’électricité disponible sur le réseau, votre pompe à chaleur peut produire moins de chaleur pendant un certain temps. En raison de l’inertie thermique de votre maison et de la température plus basse du chauffage, vous le remarquerez à peine et vous consommerez à nouveau de l’électricité renouvelable lorsqu’elle sera disponible.

    Avoir une maison bien isolée est toutefois essentiel pour éviter que votre facture d’électricité ne s’envole. En effet, les pompes à chaleur fonctionnent mieux à basse température. Le chauffage par le sol et les murs est idéal à cet effet, mais avec des radiateurs surdimensionnés, vous pouvez déjà obtenir un très bon rendement et chauffer votre maison confortablement.

    Pour beaucoup de gens, ce changement est synonyme de coûts importants. Mais vous pouvez agir intelligemment en adoptant une approche progressive. Si votre isolation est suffisante et que votre système de chauffage est adapté au chauffage à basse température, le passage à une pompe à chaleur peut être postposé pendant un certain temps. Vous pouvez donc d’abord isoler, puis régler votre chauffage, et seulement après un certain temps passer à une pompe à chaleur. N’oubliez pas qu’en plus d’apporter un bénéfice significatif pour le climat, ces investissements signifient souvent aussi un plus très important en matière de confort de vie.

    Cependant, nous ne pouvons pas faire porter toute la responsabilité sur le citoyen. Tant qu’il restera financièrement intéressant de se chauffer au gaz plutôt qu’à l’électricité, le passage aux pompes à chaleur sera réservé aux personnes qui le font avant tout pour des raisons idéologiques. Il est donc préférable que le transfert des charges et des coûts liés à l’électricité intervienne le plus tôt possible. Le fait que l’industrie du gaz et plusieurs fournisseurs d’énergie continuent toujours à promouvoir des chaudières à gaz et à présenter le gaz fossile comme une solution durable ne contribue pas à la transition vers le chauffage vert. Au contraire, cette approche pousse des familles à utiliser le gaz pendant de longues années encore. Elle apporte certes de beaux profits aux fournisseurs d’énergie, mais elle est désastreuse pour le climat.

    Compenser les émissions de CO2 en plantant des arbres ou en soutenant des projets verts dans le Sud ne sert à rien non plus. Il faut d’abord réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, et donc la consommation de gaz fossile. Toutes les appellations fantaisistes telles que gaz neutre pour le climat, écogaz ou gaz compensé ont été inventées pour nous inciter à brûler du gaz fossile encore plus longtemps, en causant plus de mal que de bien. Il est préférable d’investir votre argent dans l’isolation correcte de votre maison.

    S’ils le souhaitent, les fournisseurs d’énergie et les coopératives énergétiques peuvent jouer un rôle majeur dans la transition vers le chauffage vert. En communiquant correctement sur les émissions qui sont libérées lors du chauffage au gaz, les fournisseurs d’énergie peuvent contribuer à la sensibilisation des consommateurs. En proposant des alternatives et des services énergétiques tels que l’isolation et les pompes à chaleur, ils peuvent également convaincre le public de s’orienter vers le chauffage vert. Les coopératives peuvent aller encore plus loin et aider leurs coopérateurs en proposant des achats groupés, en organisant des soirées d’information ou en fournissant des conseils personnalisés. Les coopératives locales ou les communautés énergétiques peuvent aussi peser de tout leur poids en faveur des réseaux de chaleur locaux ou des rénovations à l’échelle d’un quartier.

    En bref, les fournisseurs d’énergie et les coopératives ne doivent pas adopter une attitude attentiste, mais encourager activement leurs clients à passer au chauffage vert. Si vous souhaitez savoir si votre fournisseur d’énergie prend déjà des mesures en faveur de la chaleur verte, ne manquez pas de consulter notre nouveau classement des fournisseurs d’énergie.